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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/278

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PREMIÈRE PARTIE.

Och !… ma bouchal ! … murmura le pauvre Pat suffoqué.

Il ne dit plus rien.

— En venant de Galway, reprit le robuste matelot, j’ai vu de la lumière aux croisées du château de Montrath… Milord est à se reposer des fatigues du voyage… Mes garçons, nous avons un compte bien long et bien chargé à régler avec milord !

Il se fit entre les colonnes un mouvement général ; on ne riait plus ; les voix se mêlaient dans la nuit sur un mode plaintif, et les menaces se croisaient avec des gémissements…

— Nous savions bien qu’il allait venir ! disait-on, car son agent Crackenwell a jeté bien des pauvres tout nus par les chemins !

— La vieille Madge est morte la nuit dernière de froid et de faim, parce que l’agent l’a chassée de sa tenance !

— Elle n’avait pas pu payer le fowl-duty[1] ! dit Mac-Duff avec un rire plein de colère.

— Saunder de Connemara, ajouta un autre, est couché sur l’herbe au coin de son champ.

  1. Droit de volaille. Exaction passée en usage dans la plupart des comtés de l’Irlande ; quand un pauvre fermier ne peut solder l’arriéré de sa rente, il donne à l’agent une certaine quantité de produits en nature, faute de quoi il est mis dehors.