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LES MOLLY-MAGUIRES.

d’Ellen s’éleva pour réciter en latin la prière catholique.

À mesure qu’elle avançait dans l’oraison, sa voix s’affermissait et devenait plus calme ; mais il était trop tard, et Jermyn, au lieu de prier, répétait au fond de son cœur :

— Elle l’aime, mon Dieu ! je vois bien qu’elle l’aime !

L’oraison se poursuivait cependant. Le vieux Mac-Diarmid et les huit frères répondaient en chœur les versets sacrés. On pria longuement pour Daniel O’Connell, le libérateur de l’Irlande ; on pria pour Jessy, la fille et la sœur bien-aimée, dont le bonheur cher était en péril loin de la patrie ; on pria pour les pauvres Irlandais persécutés, et l’on pria pour les protestants leurs persécuteurs…

Lorsque l’écho des dernières paroles d’Ellen se tut, chacun resta encore à genoux durant quelques minutes, élevant son cœur vers Dieu.

L’heure du repos était venue.

Ellen prit une des chandelles de jonc et sortit par une porte située au fond de la salle qui communiquait à l’un des bâtiments ajoutés après coup au corps de logis principal, et dont nous avons parlé déjà. Cette maisonnette servait de chambre à coucher à Ellen et à Peggy.