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PROLOGUE.

Il était dix heures du soir environ, et il y avait plus d’une heure que la prière finie avait marqué l’heure du repos.

Dans l’un des courts intervalles où le ronflement de Joyce ne venait point renforcer les murmures de l’étable, on eût pu entendre un imperceptible bruit partir de l’endroit où étaient couchés les fils de Mac-Diarmid.

L’obscurité qui régnait maintenant dans la salle était si grande qu’il n’eût point été possible de reconnaître la nature de ce bruit.

C’était quelque chose de timide, qui se taisait par intervalles, pour reprendre bientôt après.

La paille des couches bruissait, légèrement frôlée. On devinait dans la nuit un mouvement lent et comprimé par des précautions minutieuses.

Au bout de quelques secondes, le son changea de place et parut s’avancer vers l’intérieur de la chambre.

L’un des chiens de montagne hurla sourdement sous la table.

— La paix, Wolf ! murmura une voix contenue.

Le chien entama un nouveau hurlement, qui se termina brusquement, comme si une main familière eût étreint son museau dans l’ombre.