Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 1.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
38
PROLOGUE.

nait une lueur propre, assez forte pour éclairer vivement les objets les plus voisins ; mais c’était pire que l’obscurité. À une toise, tout autour du bateau, tombait la muraille circulaire ; la vue ne pouvait point franchir cet obstacle au delà duquel tout se voilait.

Morris ramait avec courage et dirigeait sa barque sans hésiter.

De temps à autre, un objet noir sortait de la brume : c’était une des îles nombreuses et inhabitées qui parsèment le lac Corrib, et dont la principale garde, au centre d’un nid de verdure, les ruines vénérables de l’antique abbaye de Ballylough.

Morris tournait autour de ces îlots, et, après avoir doublé leurs petits caps, il reprenait sa route vers l’est.

Il y avait un quart d’heure environ qu’il était engagé dans le brouillard.

Pour la troisième fois depuis son départ de la montagne, des bruits mystérieux vinrent frapper son oreille.

Il lui sembla que des coups d’aviron retentissaient derrière lui sur la surface du lac.

Il cessa d’agiter ses rames. Les coups d’aviron retentirent aussitôt plus distincts.

Et tandis que Morris étonné demeurait sta-