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PROLOGUE.

dans toutes les directions ; une ou deux fois même il était revenu sur ses pas pour retrouver sa voie perdue ; et toujours ces coups de rames voisins avaient frappé son oreille.

Évidemment il était entouré de bateaux cachés par la brume…

Il mit plus d’une heure à franchir le lac dans la direction de Headford. À mesure qu’il approchait de la rive, les barques de ses fantastiques compagnons de voyage semblaient s’éloigner et se disperser.

Lorsqu’il toucha enfin le bord et que la brume déchira autour de lui son voile gris, ses yeux avides parcoururent la rive.

Il ne vit rien, si ce n’est au loin, si loin qu’il ne pouvait guère s’en fier au témoignage de ses yeux, une forme sombre qui remontait comme lui la berge et qui se perdit aussitôt parmi les petits arbres disséminés sur le rivage.

C’en était à peine assez pour être bien sûr que tous ces bruits, entendus sur le lac, n’étaient point une vaine fantasmagorie ; mais Morris Mac-Diarmid avait au cœur en ce moment de graves pensées. Il n’avait point le loisir de donner son esprit à des rêves. Il attacha sa barque entre les roseaux, et s’engagea au pas de course dans les terres cultivées qui séparent