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PROLOGUE.

tience, qu’il faut me conduire à sa chambre sur l’heure !

Pat hésita et trembla plus fort.

— Oh ! mon ami, mon bon maître ! répliqua-t-il, n’ai-je pas assez travaillé ce soir ?… La route est longue jusqu’à la ferme des Mamturks, et je l’ai faite deux fois. Écoutez, mon doux fils ! ayez pitié de vous et de moi !… Personne ne dort cette nuit à la ferme de Luke Neale, et nous aurons une balle ou deux dans la tête chacun avant d’arriver à la chambre du Saxon… Bien sûr, Votre Honneur ! bien sûr, mon cher petit ami !

L’homme au carrick le saisit brusquement par le collet de sa chemise.

Pat poussa un gémissement et passa ses doigts calleux dans les masses ébouriffées de sa chevelure.

— Marche ! dit le nouveau venu.

— Je marcherai, puisque vous le voulez, mon bon maître, je marcherai, mon bijou, répliqua Pat ; mais que Dieu vous pardonne ma mort !

Il ne crut pas prudent de résister plus longtemps aux ordres du nouveau venu, et rentra chez lui pour revêtir à la hâte les haillons que nous lui avons vus à la table du vieux Mill’s,