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PROLOGUE.

ser le vent humide de la nuit avec les pâles rayons de la lune. Çà et là, quelque saint mutilé apparaissait dans sa niche profonde. Les colonnettes jaillissaient du sol en faisceaux et s’arrêtaient à mi-chemin de la voûte, brisées par la main du temps. Le lierre et la mousse pendaient aux arêtes des corniches qui s’avançaient au-dessus du vide et demeuraient soutenues par une force inconnue, après la chute de leurs appuis.

C’était une scène de désolation, grande et poétique. La lune, qui jouait dans les arceaux brisés, éclairait les jours délicats de ces vieilles dentelles de pierre. Le temps semblait sommeiller et s’arrêter parmi ces splendeurs d’un autre âge. Nul bruit n’en troublait le silence solennel, si ce n’est le chant plaintif de la bise qui gémissait en frôlant les pierres moussues.

Mais tout à coup un fracas mystérieux se fit. C’était comme une exclamation formidable sortant des entrailles de la terre. Le sol des vieilles salles trembla et les mille échos des ruines retrouvèrent leurs voix endormies.

Une lueur sanglante apparut à l’orifice de l’escalier par où les Mac-Diarmid étaient descendus.

Le bruit avait cessé…