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DEUXIÈME PARTIE

« Je mourrai loin de vous ; le doux vent de la patrie n’emportera point mon dernier soupir ; mon corps dormira dans cette terre inconnue…

« Mon Dieu ! que je voudrais percer ce mur de pierres et voir, ne fût-ce que pour une seconde, les choses qui m’entourent !

« Plus je réfléchis, plus que je crois que je suis à Londres. Pendant les quelques heures que j’ai passées dans la grande ville en arrivant du Galway, il se faisait partout autour de moi un bruit sourd et continu.

« Et ce bruit, je l’entends, Morris, je l’entends nuit et jour ; la voix de l’immense cité monte, monte sans cesse jusqu’à mon oreille.

« Je ne puis me tromper ; c’est bien ce fracas voilé, ces mille cris confondus et qui jamais ne se taisent ; ce roulement lointain des voitures rapides, ce grand murmure enfin que j’ouïs une seule fois et que je ne peux pas oublier.

« Et puis, quelle autre ville que la cité saxonne fût restée si longtemps sourde à ma plainte ?

« Chaque jour, j’en appelle à la compassion des êtres qui vivent auprès de moi, et mon martyre ne finit point.

« Je garde mon linge blanc pour vous écrire, Morris, car l’espoir me reste que vous lirez un