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DEUXIÈME PARTIE

Autour d’elle, se groupaient des figures sombres qui sortaient à peine dans la nuit et que l’on ne pouvait point reconnaître.

Cependant, lorsque l’œil restait quelque temps sans rencontrer les lueurs rougeâtres du foyer, il s’habituait aux ténèbres environnantes et alors il voyait dans la nuit.

Parmi ceux qui l’entouraient, Ellen avait reconnu la figure moitié joviale, moitié effrayée, du pauvre Pat, l’ancien garçon de ferme de Luke Neale, et l’humble face d’un coupeur de tourbes des marais de Clare-Galway, qui se nommait Gib Roe.

Elle avait aussi distingué derrière elle la voix du grand Patrick Mac-Duff, qui restait sous l’impression des nombreuses rasades avalées sur le pavé de Donnor-street, devant l’hôtel du Grand Libérateur.

Le reste de la foule voisine était composé de malheureux en haillons. On voyait d’ailleurs seulement à deux ou trois pas à la ronde ; puis c’était une sorte de nuit mobile, qui grouillait et s’agitait confusément.

De ces ténèbres vivantes jaillissaient mille bruits : des chuchotements, des cris, des rires. La grande colonnade scintillait çà et là, prolongeant au loin la ligne amincie de ses cristaux.