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DEUXIÈME PARTIE

où j’avais conduit lady Montrath… je l’ai retrouvée en Italie… Elle découvre ma trace avec une infernale adresse… Qui sait si elle ne sera pas demain à Galway ?…

— C’est le noir chagrin d’Horace ! murmura Crackenwell qui avait lu ses auteurs. Si elle vient, je ne serai pas fâchée de la voir… En somme, elle et moi nous sommes deux puissances alliées.

— Vous vous mettriez donc avec elle contre moi ? dit Montrath piteusement.

— Pure et simple hypothèse, milord… Tout ce qu’on pourrait dire, c’est que la chose n’est pas absolument impossible.

Montrath tourna le dos et se prit à parcourir la chambre à grands pas.

Crackenwell gardait son attitude impassible.

Il suivait lord George d’un regard indifférent et occupait son loisir à effiler les franges de l’ottomane.

Montrath étouffait. Il ouvrit brusquement la fenêtre pour donner à sa poitrine oppressée l’air frais de la nuit.

Le feu du cap Ranach brûlait à deux cents pas de lui, au sommet de la montagne, et mettait ses lueurs sombres sur les grandes tours de Diarmid.