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LES SAXONS.

trois autres et regarda la cohue déguenillée d’un air fier.

Chacun se détourna d’elle en murmurant quelque bribe de Pater.

Dorothée s’appuya sur son long bâton et remonta la rue ; d’autres l’imitèrent. Peu à peu les clameurs s’étouffèrent. La toilette était terminée. Il ne restait plus de haillons aux poutres transversales.

La rue se fit déserte. Seulement, de temps à autre, un spectre nu sortait de quelque porte basse et accourait vers le séchoir. Il cherchait ses haillons confiés la veille aux poutres dépouillées. Il s’était levé trop tard.

Plus rien ! Le fantôme tournait autour du séchoir comme un loup affamé autour de la bergerie close, puis il s’enfuyait en hurlant un blasphème.

Pendant cela, les heureux couraient vers le Claddagh, vers Donnor-street et ces autres quartiers favorisés où s’ouvraient des buvettes politiques.

Peu importait vraiment la couleur, en ce moment d’accord et de bienveillance. Les public-houses catholiques déversaient le trop-plein de leurs hôtes sur les cabarets protestants.

Et l’on buvait en frères, jusqu’à ce qu’une