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LES SAXONS.

Morris entra et Nicholas se retira en disant :

— Dieu vous bénisse !

Le vieillard n’interrompit point sa prière. Il était à genoux, le dos tourné à la porte ; on ne voyait que son dos, dont l’âge commençait à courber la forte cambrure. Ses longs cheveux blancs tombaient à flots d’argent sur ses épaules.

Il y avait pour tout meuble dans la cellule une couchette grossière et un escabeau de bois. Mais en quelque lieu que se trouvât le vieux Mill’s, une sorte de grandeur digne était autour de lui. C’était le patriarche saint, le père respecté, l’homme juste dont la longue carrière s’achevait honnête et sans tache.

Morris demeurait debout auprès de la porte refermée et gardait le silence, afin de ne point troubler l’oraison de son père.

Le vieillard se frappa la poitrine par trois fois, demandant à Dieu le pardon de ses fautes ; puis il se signa et baisa la croix d’étain de son chapelet.

Puis encore il se leva et vint vers Morris la main étendue.

C’était un noble et vénérable visage. Il y avait sur ce grand front dépouillé de cheveux à son sommet, la franche loyauté des bons cœurs et le calme serein de l’âme chrétienne. Il y avait