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DEUXIÈME PARTIE

son carnet, qui contenait en outre plusieurs lithographies à deux sous représentant les divers sites pays.

Hélas ! elle était bien forcée de confier à ce chef portefeuille toutes ses impressions de voyage ! Miss Francès n’était point faite en vérité pour la comprendre ; il y avait entre elles un abîme.

Mistress Daws avait dû se l’avouer, il n’y avait pas au fond du cœur vulgaire de cette jeune fille une seule parcelle d’ineffable poésie.

Francès, le croirait-on ? n’avait rien lu de Maria Regina Roche, rien lu de miss Porter, rien lu des dix eu douze poëtes nuageux qui faisaient les délices de sa tante !

Elle voyait tout avec sa droite raison ; elle mettait à juger les hommes un esprit fin, délicat, mais ferme. Elle parlait simplement, et jamais un hémistiche vaporeux ne s’égarait dans sa phrase. Se pouvait-il bien que Fenella eût une nièce pareille ?

Et cet être sans poésie avait dix-huit ans, un visage charmant, des cheveux d’ange, des yeux doux comme un beau ciel !

Destin aveugle ! pourquoi toutes ces choses n’étaient-elles point à Fenella Daws, qui en eût fait un si adorable usage ?

Il fallait se taire auprès de cette petite fille