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DEUXIÈME PARTIE

— Quelqu’un qui n’est pas à la noce si ses oreilles m’entendent, répondit le Brûleur ; mais n’importe ! une autre fois je regarderai mieux… Quand le caillou est tombé dans la chambre, après avoir touché la poitrine du Saxon, tous ces coquins peureux et hypocrites se sont éloignés de lui comme s’il eût été le diable… Ils regardaient de tous côtés, pâles et tremblants… la vieille folle s’est évanouie.

— Hourra pour la vieille folle ! cria une voix.

Et la voûte trembla sous un formidable concert de clameurs et de rires.

— Hourra pour la vieille folle !

— La paix ! mes fils, la paix ! cria Mahony.

Puis il poursuivit en contenant sa voix davantage :

— Voilà bien des fois que nous envoyons à ce major le cercueil de Molly-Maguire !…

Les cris s’étaient changés en murmures sourds. On chuchotait. Il y avait dans les voix mêlées une expression de crainte et de doute.

— C’est vrai, murmurait-on, mais ce diable d’homme est protégé par Satan, vous savez bien ?…

— Arrah ! on a fait ce qu’on a pu !… Mais quand esprit malin met sa griffe au-devant d’une poitrine…