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DEUXIÈME PARTIE

— Mon corps est à la loi, répondit Mill’s Mac-Diarmid ; mon âme est à Dieu… J’ai assez longtemps vécu pour avoir appris à mourir.

— C’est dramatique ! murmura Fenella Daws. Sur ma parole, Francès, ce sauvage a merveilleusement dit cela !… Un peu plus de sombre dans le regard, un peu plus de déchirant dans la voix, et il aurait produit à Drury-Lane un foudroyant effet !…

Francès avait la main sur son cœur ; son émotion l’oppressait.

— Forfanterie que tout cela, vieil homme ! s’écria le juge. Nous vous verrons à l’audience… D’ailleurs le Livre dit : « Vous vous dépouillerez du péché de l’orgueil, » et c’est grande pitié de voir un mourant qui s’endurcit comme vous dans son crime.

— Juge Mac-Foote, prononça tout bas Mill’s Mac-Diarmid, vous savez bien que je suis innocent.

Le magistrat se troubla sur son siége. Il jeta son regard à droite et à gauche d’un air de détresse, et ne reprit son assiette qu’après avoir rencontré l’œil terne et impassible de Josuah Daws.

— Encore un assez bel effet, dit Fenella.

— Innocent ! reprit le juge en feignant l’in-