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LES SAXONS.

trine avec des larmes de désespoir et d’orgueil.

Daws dit un mot à l’oreille du juge, qui fit un signe à maître Allan.

Celui-ci saisit le vieux Mill’s au collet. La main de Morris se leva, le geôlier tomba sur ses deux genoux, laissant le vieillard libre.

— Tirez votre coutelas, geôlier, s’écria Daws, dont la lèvre écumait.

Morris était au-devant de son père, les bras croisés sur sa poitrine.

Le geôlier obéit. Il se releva en poussant un cri de rage et dégaina son coutelas.

— Francès ! miss Fanny ! s’écrièrent à la fois Josuah Daws et Fenella, que faites-vous ? que faites-vous ?

La jeune fille, écoutant le premier mouvement de son cœur, s’était élancée entre Allan et Morris. Le couteau du geôlier avait effleuré son cou blanc, et des gouttes de sang ruisselaient sur sa robe.

Morris, étonné, la soutenait entre ses bras.

Fenella poussait des cris affreux, attendant l’instant de s’évanouir.

Les regards de Morris et de Francès se rencontrèrent. Il y avait dans celui de la jeune fille tout le dévouement et tout l’amour que peut ressentir le cœur d’une femme.

C’était la seconde fois que Morris la voyait.