Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
DEUXIÈME PARTIE

la noire silhouette se détachait sur le brasier, aurait cru assister à quelque ténébreuse fête de l’ère païenne.

Ainsi devaient être les pontifes celtes dans ces noires cavernes, à l’heure sanglante des sacrifices humains. Ainsi les diamants séculaires de ces voûtes devaient allumer jadis leurs étincelles au feu brûlant sous le trépied et dévorant la chair de la victime…

Le siège de Molly-Maguire était l’auge de pierre où tant de sang avait coulé. Quelque part dans la poudre on eût retrouvé peut-être l’or homicide de la serpe sacrée qui jetait les adultes en pâture au dieu Très-Inconnu.

Du sein de ce silence, une voix timide s’éleva.

— Oui, oui, murmura-t-elle, faible et comme effrayée de ses propres sons, il faut bien que le Saxon meure !…

— Il le faut ! il le faut ! répéta-t-on aux alentours.

Le murmure s’agrandit, s’enfla et vint à former un grand cri :

— Mort ! mort !

Puis le grand cri baissa, s’étouffa, mourut, jusqu’à redevenir un craintif murmure.

La sueur froide perça sous les cheveux d’Ellen.