Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 2.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
LES SAXONS.

— Pourquoi faire ?

— Écoutez-moi bien… Il y a en ce moment à Tuam un chef d’habits rouges qui se nomme le major Percy Mortimer.

— Oh ! nous le connaissons bien, interrompit Su ; il a une veste toute dorée, et il est bien bon…

— Bien bon, reprit Paddy, — car il nous a donné deux fois de l’argent en traversant les bogs à la tête de ses beaux soldats.

— Ah ! il vous a donné de l’argent ? murmura Gib en baissant les yeux.

Puis il ajouta entre ses dents :

— Il a fait du bien aux chers innocents… je prierai Dieu pour lui quand il sera mort.

Il secoua ses cheveux qui se séchaient et s’ébouriffaient de nouveau autour de sa tête, puis il poursuivit :

— C’est un méchant, Su, ma fille… mon petit Paddy, c’est un traître qui a tué beaucoup, beaucoup des amis de votre père !

— Nous ne voulons pas aller vers lui ! s’écrièrent à la fois les deux enfants.

— Il vous donnera peut-être encore de l’argent… D’ailleurs je le veux… Quand vous serez à Tuam, vous demanderez le major Percy Mortimer, et vous irez dans sa maison… écoutez-moi bien, enfants, car s’il vous arrivait d’oublier