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DEUXIÈME PARTIE

et menace le voyageur de dangers plus réels.

Des petites collines qui forment la chaussée du lac Corrib, le bog apparaît comme un taillis épais et bas ; on ne voit nul intervalle entre les troncs rabougris et rampants des bog-pines ; c’est une immense plaine d’un vert rougeâtre, un tapis gigantesque sans tache ni pli.

Lorsqu’on descend au-dessous du bourg de Clare-Galway, la physionomie du bog se modifie sensiblement. Le prétendu taillis est une longue suite de petits mamelons sur lesquels croît le pin de marais ; entre ces mamelons, qui sont tantôt des îles, tantôt des péninsules, de larges flaques, impossibles à franchir d’un saut, étendent leurs eaux croupissantes.

Dans les autres bogs, les langues de terre serpentent assez régulièrement pour qu’on puisse suivre sa route et parcourir de longues distances sans être obligé de s’arrêter court.

Ici, nul moyen de se diriger à travers le marais ; à chaque instant on se trouve à la pointe de quelque petit promontoire au delà duquel il n’y a rien, sinon la vase profonde.

Il faut de nécessité suivre les routes grossièrement tracées et les chaussées de bois que les gens du pays ont jetées aux endroits les moins praticables.