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LES SAXONS.

le regard, semblèrent s’animer ; partout apparurent des têtes rouges ou blanches. La femme de Patrick Mac-Duff n’avait point été plus discrète que son mari ; tout ce qui portait un jupon dans Knockderry et dans le bourg de Corrib s’était donné rendez-vous autour de la chaussée de planches. Le spectacle promettait d’être curieux : les bonnes femmes avaient à choisir entre la noyade des dragons et les élections de Galway ; elles avaient opté pour les dragons, quittes à regagner après la ville au pas de course.

Si bien que chaque buisson cachait une mante rouge, et comme il n’y avait point de sentinelle entre le lac et la chaussée, les bonnes femmes avaient pu s’approcher jusqu’à une centaine de pas des travailleurs dont elles n’étaient séparées que par le lit fangeux du Doon.

Le géant regarda Mac-Duff d’un air menaçant, et peu s’en fallut que ce dernier ne payât son indiscrétion de sa vie ; c’était le droit. Mais Muc-Duff, fanfaron et bavard, avait beaucoup d’amis dans cette foule bavarde et fanfaronne ; chacun était d’ailleurs si content de n’avoir plus peur, que le vent tournait à la clémence.

Un cri de pardon s’éleva ; la hache de Brûleur,