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DEUXIÈME PARTIE

Les autres Mac-Diarmid étaient absents.

Ellen n’avait point quitté le pied de son lit. Elle restait là, immobile et froide comme une statue. Sa mante rouge, qu’elle n’avait point dépouillée, rejetait son capuce en arrière et laissait a découvert le noble visage de l’heiress.

Il y avait sur ce visage une pâleur terne. Les belles lignes de la bouche se détendaient, fatiguées ; quelques plis se relevaient, ébauchant un amer sourire. Nul rayon ne passait à travers les paupières demi-closes.

Autour du front, la magnifique chevelure de la jeune fille tombait, mêlée et humide encore des sueurs de la nuit.

En allant et en venant, la petite Peggy, vive enfant aux traits intelligents et mobiles, s’arrêtait parfois pour contempler sa maîtresse à la dérobée. Son regard devenait bien triste et sa bouche s’ouvrait pour essayer une consolation ; mais elle n’osait pas…

L’heiress ne la voyait point. Tout était confusion et lassitude dans son esprit blessé. Elle ne pensait point ; elle ne sentait point ; c’était comme une morte.

Mais dans cet engourdissement, il y avait une sourde angoisse qui tenait son cœur éveillé à demi, pour le torturer sans cesse et l’écraser.