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DEUXIÈME PARTIE

Gib crut que sa dernière heure était venue, et n’eut point la force de répondre.

— Il était ici tout à l’heure, répliqua Pat, toujours empressé à faire acte de zèle. Holà ! Gib ! mon fils, où es-tu ?

Gib était auprès de Patrick Mac-Duff, qui mit la main dans les cheveux crépue du coupeur de turf et l’attira vers le foyer.

— Le voilà ! dit-il.

— Oh ! mes bons amis ! murmura Roe, ayez pitié d’un pauvre homme, et ne me faites point mourir en état de péché mortel !…

Heureusement pour Gib, le Brûleur ne l’entendit point.

— Que diable marmottes-tu entre tes dents ? demanda-t-il.

— Il a trop dansé, répondirent les autres.

— Gib, reprit le géant, ton petit Patrick et ta petite Su sont-ils encore dans le bog de Clare-Galway ?…

— Obi oui, toujours, mon doux ami, répliqua Roe en tremblant, bien maigres toujours, les chers innocents !… bien contents quand on leur jette une pomme de terre !… et habillés de haillons toujours, comme le pauvre Gib Roe !

Le Brûleur jeta sur Gib un regard qu’il tâcha