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DEUXIÈME PARTIE

gageait dans les récifs qui tournent autour de la base de Ranach-Head.

Elle sautait de pierre en pierre, précipitant sa course rapide et croyant entendre sans cesse les pas de ceux qui la poursuivaient.

La route était ardue ; ses yeux troublés ne voyaient point au devant d’elle ; son pas trébucha bien des fois sur le goëmon gras qui étendait ses rameaux glissants comme un tapis au dessus des roches aiguës. Bien des fois sa poitrine oppressée lui refusa le souffle, et elle fut contrainte de s’arrêter pour presser à deux mains son cœur endolori.

Mais elle reprenait sa course ; elle allait, soutenue par une force mystérieuse.

Elle gagna enfin la grève unie, puis la route qui monte par une pente insensible le long dès flancs du cap.

Elle revit la noire silhouette de Diarmid. Elle courait. La fatigue brisait ses membres ; sa mante dénouée flottait à long plis derrière elle ; ses cheveux inondés de sueur se collaient à ses joues et retombaient alourdis sur ses épaules.

Son front était livide ; ses yeux brûlaient ; son souffle était un râle.

À la moitié de la montée, elle se retourna, parce qu’elle sentait bien que ses jambes haras-