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LES SAXONS.

Il parlait des mauvais jours de la conquête, des Danois couverts de fer traversant le canal et allongeant leur lance à l’aide de l’infâme trahison. Dublin, Waterford, Wexford ne sont plus déjà des villes irlandaises. Leurs cathédrales portent les bannières danoises. Mais l’Irlande vivait encore dans l’ouest et dans le nord. Le noble Connaught, toujours catholique, l’Ulster, aujourd’hui allié avec Satan, gardaient la vieille langue d’Erin et ses libres coutumes…

« Voici venir les Normands, les Normands et les Saxons ! Henri II, le traître roi, qui met des Anglais avides à la place des bons lords hyberniens.

« Oh ! maudit soit Dermot, le roi de Leinster, qui enleva la femme de O’Rourke, roi de Meath ! Maudit soit Dermot qui, chassé par le grand Roderick O’Connor, monarque de toute l’Irlande, appela l’Anglais à son aide !…

« Aimez-vous, fils d’Erin ! aimez-vous, et que l’étranger ne soit jamais juge en vos querelles !

« Il n’y a plus de roi. Le roi est à Londres, la ville gigantesque, à cheval sur son fleuve immense. Le roi s’appelle Henri VIII. Il a déserté l’Église sainte ; il est cruel comme tout apostat, et son sceptre se rougit de sang comme la hache d’un bourreau.