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LES SAXONS.

fois l’heiress en pleurant… Que Dieu lui donne un autre amour, car la noble Ellen a le cœur fier, et nul rêve ne trouble jamais son sommeil de vierge !

« Elle doit être bien belle ! Peut-être se souvient-elle de moi lorsqu’elle gravit seule les sentiers pierreux de la montagne. Moi je prie bien souvent pour son bonheur !

« Oh ! tous ces gens m’ont connue et m’ont aimée ! Je courais, jeune et forte, sous l’air libre du ciel ! j’avais le bonheur présent et d’autres bonheurs encore dans l’avenir !…

« Et maintenant je n’ai plus rien, ni joie ni espoir ; je suis morte !

« Morris, pourquoi n’êtes-vous pas venu reprendre votre fiancée ? Pourquoi cette sentence sévère qui me livrait sans retour à mon bourreau ?…

« Oh ! je vous vis une dernière fois dans la chapelle protestante ! Vous m’aimiez encore pourtant, puisque vos bras s’étendaient vers moi et que vos yeux étaient baignés de larmes…

« Ce que vous avez fait était bon à faire sans doute, Morris, mon seul amour ! Dieu me préserve de vous accuser !…

« Je crois que le malheur qui est tombé mi moi ne m’était point destiné ; je crois que mon