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DEUXIÈME PARTIE

Londres, dans une riche maison située au-dessous de Richmond.

« Cette maison était encore plus belle que le château de Montrath, qui étale si orgueilleusement son opulence au milieu de nos campagnes affamées ; mais je ne voyais point les magnificences de cette noble demeure : un voile était sur mes yeux ; chaque mille qui me séparait de l’Irlande chère m’avait ôté un peu de mon courage.

« J’étais si loin de vous, Morris, mon soutien et mon espoir !…

« Lord George m’avait à peine adressé la parole durant tout le voyage. Il voulait faire de moi sa maîtresse d’un jour, pour repousser les railleries de ses compagnons et contenter une vaine gloriole ; mais il s’en prenait à moi de toutes ces moqueries et me regardait déjà d’un œil d’aversion.

« Il arriva malade à Richmond. Les fatigues du voyage, venant en aide aux fatigues de l’orgie, le retinrent au lit une semaine.

« Pendant tout ce temps, je ne le vis pas une seule fois.

« J’étais confinée dans une petite chambre donnant sur la Tamise d’où mon regard planait sur la vaste campagne de Londres. Une femme