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TROISIÈME PARTIE.

du grand parc de Montrath, et gagna la route qui passait sous le château, cette même route que l’heiress avait suivie pour aller des Mamturks à la galerie du Géant.

De la route au château, il n’y avait qu’une courte avenue, dont la pente rapide gravissait en ligne droite le flanc de la montagne.

Morris fit quelques pas dans cette direction, puis il s’arrêta, irrésolu. Dans ce château était l’homme qui avait enlevé autrefois Jessy O’Brien aux doux bonheurs de sa jeunesse, qui l’avait épousée par contrainte, et qui l’avait tuée !

Cet homme, Morris ne voulait point le mettre à mort, mais il allait le rencontrer peut-être et se trouver face à face avec lui.

Morris s’interrogea. Il se demanda si sa main ne se lèverait pas malgré lui, et s’il aurait la force de ne point frapper.

La veille il aurait pu répondre de lui-même, mais le retour de Mickey avait réveillé le souvenir de l’injure. Mickey avait parlé d’un crime, et Morris n’avait point en ce moment, pour combattre l’idée de la vengeance, cette robuste volonté que les événements de la nuit avaient amollie.

Il était homme en ce moment ; il ne se souvenait que de Jessy assassinée. Il s’arrêta, in-