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TROISIÈME PARTIE.

l’entraîna jusqu’à une causeuse où elle s’assit auprès d’elle.

Francès semblait heureuse aussi et témoigna franchement son plaisir. Cette sévérité de physionomie, que nous lui avons reprochée à Galway, n’était qu’une sorte de réaction involontaire contre la folie froide de Fenella Daws. Hors de la présence de sa tante, et auprès d’une bonne amie, Francès recouvrait la douce gaieté de son âge.

Ce fut entre les deux jeunes femmes un long échange de sourires, des baisers prodigués, une lutte de chers souvenirs.

Elles étaient du même âge. Dès l’enfance, elles s’étaient choisies pour s’aimer. Georgiana n’avait point peut-être la droiture de cœur et la franchise ferme de Francès. C’était une jolie femme, faite pour le monde et rompue aux accommodements du monde. En elle ce qui était appris étouffait bien un peu ce qui était naturel. L’éducation lui avait donné une bonne dose de ces délicatesses factices qu’on met à la place de la sensibilité vraie ; mais il y avait encore en son cœur ce qu’il faut pour aimer. Elle avait gardé à sa compagne d’enfance une affection sincère. À Londres même, au milieu des nobles plaisirs du West-End, elle aurait eu de la joie à revoir