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TROISIÈME PARTIE.

« Hélas ! hélas ! je m’éveillai, Morris ! mes yeux s’ouvrirent ; il n’y avait plus là ni rayon de soleil, ni sourires, ni fleurs ! Le sombre crépuscule qui me tient lieu de jour commençait à poindre à travers la meurtrière.

« Je revis les murs noirs de ma prison. Hélas ! nulle main n’avait levé la pierre de ma tombe ! Mais tant de joie m’avait en quelque sorte ranimée. Je me sentais vivre davantage ; j’eus la force de quitter ma couche et de me traîner jusqu’au vase rempli d’eau. J’y trempai ma lèvre aride…

« Depuis ce moment ma fièvre s’est calmée peu à peu. Je suis bien faible encore ; mais je puis vous écrire. Que me faut-il de plus ?… Je vis pour vous aimer, Morris, et pour espérer de vous revoir.

 

« Je ne croyais pas craindre la mort, mon Dieu ! mais cette mort qui me menace est si lente et si cruelle !

« Morris, voici deux jours qu’on ne m’a point jeté mon pain… »

L’œil de Mac-Diarmid s’arrêta, fixe et tendu, sur cette dernière ligne. Le souffle s’arrêta dans sa forte poitrine. Il n’osait plus aller au delà.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! murmura-t-il en