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TROISIÈME PARTIE.

De même que son rival, il avait sous le bras une énorme Bible dont la tranche portait les marques d’un long et fréquent usage.

— Demandez ! demandez, M. Box ! dit-il. Aujourd’hui comme toujours je suis prêt à soutenir ma thèse.

Il ouvrit sa grande Bible et en fit voler les pages, à l’aide de son pouce, passé sur sa langue préalablement, avec une effrayante prestesse. C’était un homme d’une quarantaine d’années, vif, brun et taillé en soldat. Le doyen de Saint-Pierre, plus âgé de dix ans à peu près, avait une figure quasi vénérable. Son pouce, non moins habile que celui du vicaire, toucha sa langue, et tourna les feuillets de sa Bible avec une égale rapidité. Ces deux révérends étaient là-dessus d’une force incontestable. Déjà ils se mesuraient avec des yeux d’athlètes qui vont entamer un acharné combat, lorsque la grosse voix de Brazer réclama énergiquement bataille ajournée.

Les deux révérends fermèrent leurs Bibles, et regagnèrent leurs places d’un air désappointé.

— Messieurs, dit le colonel, j’ai usé de mon droit d’ancien membre de la loge supérieure, et je vous ai fait convoquer pour avoir votre