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TROISIÈME PARTIE.

heureux s’élancèrent tous à la fois vers la porte de la salle des épreuves que Brazer avait eu la précaution de barricader, pour se mettre à l’abri au moins de ce côté.

Au dehors, la foule riait, se pâmait et poussait d’impitoyables huées.

Une chaîne qui rejoignait le puits voisin alimentait la cascade sans cesse. Les pompes, servies par le roi Lew et ses redoutables matelots, jouaient sans relâche, et dans la salle l’eau montait, montait toujours. Les plus petits perdaient plante ; le juge Mac-Foote se mit à nager ; les deux révérends barbotaient à l’envi, sans plus se soucier de disputer sur l’eau de mer et l’eau de puits.

C’était la plus belle et la plus complète épreuve qui eût jamais eu lieu pour les initiés de la loge supérieure. Quand la porte s’ouvrit enfin, il n’y avait pas un adepte qui ne fût à la nage.

L’eau s’écoula par cette large voie, la foule des malheureux orangistes s’échappa de même par cette issue, pataugeant, se poussant et blasphémant comme si elle n’eût point été composée de saints devant le Seigneur. Il y avait dans le cœur de tous une sourde colère. Brazer écumait et grinçait des dents.

Tandis qu’il rentrait dans sa maison, pour-