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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/218

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TROISIÈME PARTIE.

deux bras à soutenir le major, se confiant, pour la direction à suivre, sur l’instinct fidèle des deux poneys.

Ceux-ci, prenant un élan nouveau, bondirent, effleurant à peine de leurs sabots légers le gazon spongieux du bog ; ils allaient comme le vent, toujours côte à côte, et mesurant avec une précision admirable la vitesse égale de leur course.

Ceux des dragons qui étaient parvenus à s’accrocher aux assises de la chaussée regardaient cette fuite avec un désespoir mêlé de rancune.

Ils étaient restés au fond du précipice : l’un d’entre eux se sauvait sans s’occuper de leur misère ! Celui-là était le chef, et il avait pour devoir rigoureux de rester le dernier au milieu du péril. Et il fuyait ! Et sa fuite se dirigeait, non point du côté de Tuam, où restaient en garnison leurs camarades qui eussent pu apporter du secours, non point du côté de Galway, où l’on aurait pu trouver de l’aide, mais vers les lacs ! Il fuyait, en un mot, pour fuir et non pour aller chercher un remède à la terrible agonie de ses soldats.

— Le cornette Dixon s’est sauvé, disaient les malheureux ; mais c’est un brave cœur !… il est