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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 3.djvu/236

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TROISIÈME PARTIE.

il semblait stupéfait, comme un homme qui s’éveille d’un long et profond évanouissement.

Ellen profita de ce trouble. Sans mot dire, elle mit son bras autour de la taille du blessé, et commença à gravir la montagne.

Ils allaient bien lentement. Mortimer semblait un fantôme, et ses jambes chancelaient à chaque pas sous le poids de son corps. Il se laissait guider avec une obéissance passive ; ses yeux attendris se fermaient, blessés par l’éclat du jour ; il ne savait point ce qu’il faisait, il ne savait point où il allait.

Leur course se poursuivait cependant par les sentiers déserts de la montagne. À travers le lac, le bruit presque imperceptible de la fusillade venait encore parfois jusqu’aux oreilles d’Ellen. Elle pressait alors le pas autant que pouvait le permettre la faiblesse croissante du major.

Sur le chemin personne ne croisa leur route. Ils étaient arrivés avec des peines infinies jusqu’à deux cents pas environ de la ferme des Mamturcks, lorsque le major s’arrêta, épuisé.

— Encore quelques pas, dit doucement Ellen.

Mortimer ouvrit les yeux à sa voix et jeta autour de lui son regard étonné.

— Pourquoi suis-je ici ? demanda-t-il.

Ellen pâlit et ne répondit point.