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TROISIÈME PARTIE.

qui s’échappa, retentissant, de la bouche de lord Montrath.

— Ils n’ont pas touché ! s’écria-t-il en serrant les poings avec rage. Damnation sur eux !

La chaloupe était en ce moment au beau milieu des brisants, et disparaissait presque parmi des tourbillons d’écume.

Les deux jeunes femmes, qui ne l’avaient point remarquée jusque-là, poussèrent à la fois un cri de terreur.

Le sloop se balançait à l’ancre, gracieux et bercé doucement.

De temps à autre, on voyait la chaloupe reparaître et l’on distinguait au milieu des rameurs, qui faisaient force d’avirons, la femme toujours debout.

À un certain moment une vague énorme déferla sur les brisants avec un bruit terrible on ne vit plus la chaloupe.

Un soupir souleva la poitrine oppressée de lord George, qui joignit les mains comme pour remercier Dieu, tandis que les deux jeunes femmes, les bras tendus en avant, demeuraient muettes d’horreur.

Si c’était de la joie qu’éprouvait lord George Montrath, elle fut de courte durée, car l’instant