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QUATRIÈME PARTIE.

qui entra aussitôt avec du rhum. La sonnette de Mary Wood voulait dire du rhum.

L’ancienne servante était couchée, roide etimmobile, sur son lit. Sa toilette de nuit, follement éclatante, faisait ressortir la pâleur terreuse de son visage ; ses gros yeux mornes se fixaient dans le vide ; sa respiration sifflait oppressée.

À l’approche du valet, elle se souleva péniblement sur son séant. Le valet lui fit un dossier de son bras arrondi.

Elle saisit le flacon sur le plateau et versa un grand verre. Sa main tremblait jusqu’à ne pouvoir diriger la liqueur qui se répandait sur le plateau et sur les draps du lit, emplissant la chambre entière de ses violents parfums.

Les narines de mistress Wood se dilataient à flairer cet arome chéri.

Malgré le tremblement de sa main, elle réussit à mettre sa lèvre blême sur le bord du verre, et en avala le contenu d’un trait.

Ce fut une transformation soudaine, Le sang colora sa joue hâve ; ses yeux s’animèrent ; une expression de bien-être se répandit sur ses traits, et ce fut d’une main ferme qu’elle replaça le verre sur le plateau.

— Envoyez-moi la camériste de milady, dit--