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QUATRIÈME PARTIE.

humide du Corrib et que la froide atmosphère des grottes… plus de dangers que la blessure elle-même ! Ce pouvait être la mort.

Depuis quelques minutes, le blessé reposait sans trop de secousses, sa fièvre semblait se calmer. Déjà Ellen songeait à le laisser seul pour retourner dans la chambre mortuaire, car elle sentait que son absence en un pareil moment devait alimenter sans cesse et fortifier les soupçons de Jermyn.

Mais, à cet instant même, le major s’agita sur sa couche et repoussa les couvertures qui l’étouffaient. Son mouvement brusque réveilla les élancements assoupis de sa blessure, et la douleur éprouvée lui arracha un gémissement.

L’ouïe des animaux entend avant celle des hommes. Jermyn n’avait saisi aucun son, mais les chiens de montagne hurlèrent. Leur voix frappa l’oreille d’Ellen comme une menace de mort. Elle suspendit un lambeau de linge au devant de la serrure et s’élança vers le lit du blessé.

Elle lui mit sa main sur la bouche. Mortimer se débattit un instant, puis il ouvrit les yeux.

Les beaux cheveux d’Ellen penchée caressaient son visage. Il eut un sourire heureux. Puis son regard tâcha de percer le voile que