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LA GALERIE DU GÉANT.

quet de linge. Ses frères l’interrogeaient d’un regard curieux.

— Jessy n’est point morte, reprit Morris.

Mickey secoua la tête d’un air incrédule.

— J’ai vu sa tombe là-bas, dit-il.

― Sa tombe est un mensonge, répliqua Morris ; elle vit… elle nous appelle à son secours.

Il étendit sur la table les linges couverts d’écriture.

— Lisez ! dit-il.

Les Mac-Diarmid se penchèrent et purent reconnaître d’un coup d’œil la main de leur jeune parente.

― Le temps nous presse, reprit Morris, et la lettre de Jessy est longue… Je vais vous dire en quelques mots ce qu’elle souffre, et vous comprendrez pourquoi je n’ai point applaudi quand Dieu m’a désigné pour le travail de cette nuit.

Il avait lu bien des fois depuis la veille les lignes tracées sur les lambeaux de linge. Chacun des détails du supplice lent et cruel que subissait sa fiancée était gravé au fond de sa mémoire. Il prit la parole d’une voix basse et brève, avec la résolution d’abréger son récit. Mais l’émotion l’emporta ; il peignit la souffrance de la pauvre fille avec son cœur d’amant,