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QUATRIÈME PARTIE.

cap, la figure pâle de Jermyn Mac-Diarmid se montra entre les feuilles écartées.

Il suivait les deux amants depuis la ferme, mesurant son pas jeune et fort sur leur marche ralentie, se cachant derrière les troncs d’arbres de la route, rampant dans l’herbe quand il n’y avait point d’arbres, et se glissant derrière eux comme un de ces Indiens, chasseurs d’hommes, dont Cooper aime à poétiser la sauvage et terrible patience.

Il tenait à la main son fusil chargé.

Bien des fois, le long de la route, l’arme s’abaissa d’elle-même pour ainsi dire, cherchant du bout de son canon les endroits où le bras d’Ellen ne protégeait point le corps de Percy Mortimer.

Mais le doigt de Jermyn s’arrêtait toujours avant de presser la détente. Il sentait sa main trembler si fort ! Et l’heiress était si près du Saxon !

Au moment où les deux fugitifs se cachaient derrière les rochers qui protégent, comme d’énormes brise-lames, la base incessamment minée du cap, Jermyn sortit du taillis. Ses traits bouleversés peignaient l’angoisse de cette longue poursuite où chaque minute avait eu sa torture. Il y avait sur sa figure vieillie plus de souffrance