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QUATRIÈME PARTIE.

Jessy était là cependant, couchée toujours sur la terre froide. Elle ne bougeait plus. Sa figure maigre et pâle accusait l’état de faiblesse suprême auquel sa longue torture l’avait réduite. En ce moment, une minute perdue pouvait être la mort.

Morris arracha, sans éprouver de résistance. le dernier pistolet de Montrath, et le mit à sa propre ceinture. Puis il désigna du doigt silencieusement le trou pratiqué dans la muraille, quelques instants auparavant, par Crackenwell.

L’intendant ne se fit point répéter cet ordre muet. Il entraîna Montrath, sans mot dire, vers l’ouverture, qu’il franchit précipitamment.

Quand il fut de l’autre côté, il poussa un long soupir de bien-être,

— Nous sommes perdus ! dit lord George.

— Pas encore ! répliqua tout bas Crackenwell. C’était bon tout à l’heure quand nous étions sous la massue de ce diable de sauvage… maintenant… Mais sortons d’ici d’abord, car il pourrait bien se raviser, et je crois toujours le sentir sur mes talons !…

Morris était seul dans la prison auprès de Jessy évanouie. Les battements du cœur de la pauvre recluse étaient si faibles que la main de Morris les chercha en vain. À la toucher ainsi livide,