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QUATRIÈME PARTIE.

famille nombreuse et forte qui fleurissait naguère sous le toit de la ferme, il ne restait là qu’une pauvre enfant dont les veines n’avaient pas une goutte du royal sang de Diarmid.

Peggy veillait, tremblante, dans la solitude de la salle commune.

Elle attendait Ellen, sa maîtresse chérie, les six garçons qu’elle aimait, et Kate, la douce femme d’Owen, qui l’aidait dans sa tâche de tous les jours.

Et personne ne revenait, ni la noble heiress, ni les six maîtres, ni Kate, la bonne épouse !

Voici ce que faisait Kate en ce moment :

Les dragons de la reine, rencontrés cette nuit par Morris sur la route de Kilkerran, n’avaient point tourné à gauche du parc de Montrath pour aller dormir dans la petite ville. Ils avaient, eux aussi, aperçu le feu allumé au sommet de Ranach-Head.

Il n’était pas temps de se reposer. Le colonel Brazer avait fait mettre pied à terre à ses dragons, et les avait dirigés vers le cap, en leur recommandant le silence.

Kate marchait au milieu d’eux morne et muette. Elle tâchait de songer à son père mort pour se redonner du courage ; mais chaque fois qu’elle appelait la pensée de Luke Neale, c’était