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O’CONNELL.

ce triomphe que fêtaient les bonnes gens du Connaught.

Dans le port il y avait un bateau à vapeur qui chauffait et faisait ses préparatifs de départ.

Sur la jetée, le long des quais, et dans toutes les voies environnantes, une foule compacte se pressait et jetait incessamment son grand murmure où dominait le nom de Daniel O’Connell.

À droite du débarcadére, et juste en face du paquebot, se tenait un groupe silencieux et grave, qui regardait en mépris l’enthousiasme général. Dans ce groupe, nous eussions reconnu le roi Lew, deux ou trois de ses matelots, et quelques-uns des ribbonmen échappés au désastre de la galerie du Géant.

Au-devant d’eux, debout et les bras croisés sur sa poitrine, un homme de grande taille, à la figure noble et belle, s’adossait contre les pierres du parapet. Une charmante jeune femme, dont les traits avaient une douceur angélique, s’appuyait à son bras. Tous les deux portaient sur leur visage une expression de tristesse ; tous les deux étaient vêtus de deuil, mais ils se souriaient.

De l’autre côté du débarcadère, vis-à-vis du groupe peu nombreux des ribbonmen, stationnait un détachement de dragons à cheval. L’offi-