Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
QUATRIÈME PARTIE.

ble heiress… votre chambre est un asile sacré pour moi… mais il faudra bien que le major saxon sorte de votre chambre.

Une lueur d’espoir éclaira les traits d’Ellen. Un répit, c’était le salut peut-être, car les Mac-Diarmid allaient revenir, et sa voix était bien puissante sur les fils du vieux Mill′s.

Jermyn lut cette pensée sur son front, et sa bouche se plissa en un sourire cruel.

— N’espérez pas, dit-il en élevant la voix davantage ; moi qui ai si longtemps espéré en vain, je sais combien cela fait souffrir !… Nos frères reviendront, c’est vrai ; mais le Saxon mourra !

Son regard était clair et perçant ; il descendait jusqu’au fond du cœur d’Ellen et le blessait.

— Ne vous souvient-il plus déjà, reprit-il, mettant à railler ce qui lui restait de forces, ne vous souvient-il plus de notre entrevue de la nuit dernière ?… C’était ici, à la même place et à la même heure… j’étais brisé de désespoir comme maintenant, mais vous, vous étiez forte, noble Ellen, forte de mon amour et de ma folie, sans pitié pour moi, comme toujours, et ne songeant qu’à cet homme qui vous a volé votre cœur ! Le feu brûlait sur Ranach-Head… j’étais seul dans la maison de notre père et chargé de