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QUATRIÈME PARTIE.

voyaient plus Ellen. Dès que ses yeux se relevèrent, il n’hésita plus.

— Il sera sauvé ! murmura-t-il ; mais que m’importe ?… Ellen ! Ellen ! ne vous donnerais-je pas le salut de mon âme ? Douze heures, c′est ma vengeance que je laisse échapper !

— Vous me les accordez ? dit l’heiress.

Jermyn la parcourut de la tête aux pieds d’un regard où se peignait tout le délire de sa passion.

Son visage devint pourpre.

— Je vous les vends, prononça-t-il d’une voix sèche et haletante, je vous les vends pour un second baiser.

Ellen, toujours souriante, tendit aussitôt sa joue. Jermyn y colla sa lèvre.

Ses yeux se noyèrent ; il poussa un long soupir et s’affaissa sur le sol, livide et froid comme un cadavre.

Ellen se redressa superbe. Son œil avait repris son calme souverain. Elle couvrit le dernier des Mac-Diarmid d’un regard de pitié. Sa main essuya sans y penser la place que le baiser de Jermyn avait brûlée. Elle prit la chandelle de jonc et rentra dans sa chambre, laissant Mac-Diarmid étendu sur le sol de la salle commune.

Le major dormait toujours, et son sommeil