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QUATRIÈME PARTIE.

cette église, elles disparaissaient aux regards.

Bientôt il n’en resta plus que deux en vue de la ferme. Au bout de quelques secondes, on n’en vit plus qu’une, qui disparut à son tour.

La nuit sombre et sans lune étendait partout sur la campagne son voile impénétrable. Les maisons qui étaient restées éclairées depuis le soir de la veille avaient successivement éteint les chandelles de jonc qui brûlaient autour du lit des morts.

Le feu de Ranach-Head ne brillait point cette nuit. Tout était noir, et l’on ne distinguait dans l’obscurité uniforme que la brume grisâtre qui dessinait vaguement les contours du Corrib.

Mais aussitôt qu’on arrivait à l’angle formé par la petite église de Knockderry, les ténèbres s’éclairaient de nouveau. Les points lumineux qui avaient brillé çà et là durant la première moitié de la nuit dans la campagne n’avaient fait que changer de place et s’étaient rassemblés dans le cimetière catholique.

Il y avait là dix ou douze cierges allumés et autant de fosses ouvertes.

Autour de chaque fosse un double rang d’hommes et de femmes s’agenouillait.

Les femmes priaient. Les hommes priaient et veillaient, le fusil sur l’épaule.