Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
QUATRIÈME PARTIE.

Pat frissonnait encore en songeant que, sans sa prudence, il aurait pu rester lui aussi dans les herbes du bog.

Morris ne l’entendait pas.

— J’ai fait ce que j’ai pu, pensait-il ; mais j’étais tout seul ! Je n’ai pas trouvé un ami sur ma route… Comment écarter cette armée de valets qui me barrait le passage ? Te souviens-tu de Jessy O’Brien, Pat ? ajouta-t-il tout haut.

— Ma bouchal ! la pauvre chère enfant !… si je m’en souviens, oh ! certes !…

Morris ouvrit la bouche, comme pour continuer ce sujet entamé brusquement. Ses yeux eurent un éclair et le sang revint à sa joue. Mais il ne parla point, et sa paupière alourdie se baissa de nouveau.

— Va au château de Montrath, reprit-il. Une femme étrangère y est arrivée aujourd’hui… il faut que tu saches d’où elle vient et qui elle est.

— Ça pourrait se faire demain matin ! murmura Pat en jetant un long regard d’envie sur la paille de sa couche.

— Il faut que tu interroges les valets de Montrath, poursuivit Morris. Ah ! je te donnerais ma part de la ferme, mon garçon, et tout ce que je possède au monde si tu parvenais à savoir où ils ont caché la pauvre Jessy !