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LA GALERIE DU GÉANT.

sivement toutes les parties du corps de Gib ; mais son visage était encore à l’ombre de la muraille, qui servait d’oreiller à sa tête chevelue.

Les enfants se relevèrent bientôt et se prirent à jouer sans bruit : le garçon avec une aigrette rouge qui gardait son support de métal, la petite fille avec une écharpe de soie blanche, garnie d’une longue frange d’or.

Paddy essayait d’adapter l’aigrette à sa coiffure ; Su se drapait de son mieux dans l’étoffe moelleuse de l’écharpe ; et tous deux riaient, et tous deux caquetaient bien gaiement, les enfants joyeux !…

L’aigrette et l’écharpe avaient appartenu à quelqu’un des pauvres dragons qui étaient morts dans le bog de Clare-Galway.

— Voyez, ma sœur, disait Paddy gravement, si je n’ai pas l’air d’un homme avec cela sur ma tête !

— Et moi, petit frère, répondait Su, voyez, voyez ! les femmes des marchands de Galway ont-elles de la soie plus belle ?… Que de pence y a dans cette frange de cuivre !

Leur toilette était achevée. Paddy avait fixé solidement l’aigrette aux lambeaux de son chapeau, et Su avait roulé cinq ou six fois l’écharpe autour de son petit corps.