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Page:Féval - La Quittance de minuit, 1846 - tome 4.djvu/97

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LA GALERIE DU GÉANT.

Ils descendirent le tertre et franchirent la douve, mais ils avaient perdu ce pas leste et bondissant que nous admirions naguère ; leurs pieds, habitués à courir libres sur le gazon du bog, étaient maintenant alourdis par de bons souliers à semelles de bois ; ils avaient peur de gâter leurs vêtements tout neufs ; ce nouvel accoutrement, qui les rendait si fiers, leur ôtait la meilleure part de leur gentillesse sauvage.

Ils s’arrêtèrent pour attendre Roe, qui les prit par la main et les guida vers le cours de la Moyne.

Ainsi habillés de neuf tous les trois, marchant d’un pas égal et sage, ils avaient l’air d’une petite famille endimanchée qui se rendait pieusement à la paroisse. Ils passèrent la Moyne sur un pont de bois construit autrefois par Luke Neale, le middleman, pour les besoins de sa ferme.

Le coupeur de tourbe fit halte sur l’autre bord.

À la place où s’élevaient quelques mois auparavant les vastes bâtiments de la ferme, il n’y avait plus que quelques débris, recouverts à moitié déjà par les efforts d’une végétation puissante. On distinguait encore néanmoins les assises de pierre des murailles, et çà et là quel-