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Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/161

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l’escalier du conseil, il s’arrêta devant la porte du premier étage, et resta un instant indécis.

— J’ai quelque chose sur l’estomac, se dit-il, quoique je n’aie pas encore dîné. Ça me trotte dans la tête qu’il va m’arriver malheur. C’est bête, mais voilà, je crois à ça.

Il tâta la serrure avec son « outil, » mais il n’ouvrit point.

— Voilà ! répéta-t-il. L’autre était un beau gars ; il est tombé sans dire seulement : Ouf ! Le coup était crânement envoyé ! mais il ne m’avait rien fait, et ça vous pèse jusqu’au lendemain matin. Tous ceux de la sûreté doivent être sur mes talons, c’est sûr, et ceux de M. Vidocq aussi… Aller courir la nuit avec un paquet de petite fille sous le bras, c’est tenter le diable ! Je sens ça !

Sa main lâcha la serrure, et il pensa :

— Ce serait de prendre le Pont-Neuf au pas gymnastique et d’aller voir à Montrouge si j’y suis.

Il fit un pas vers l’escalier. Il n’en fit qu’un.

— Ces gens-là, gronda-t-il entre ses dents serrées, vous tiennent par le cou ! Ils ont bonne poigne. Si je les laissais dans l’embarras, j’aurais beau me terrer comme un lapin, ils me trouveraient et j’aurais mon compte !

Son outil fit jouer le pêne sans bruit. L’habitude est une seconde nature. À son insu, Coyatier prenait les précautions voulues, comme s’il eût été de sang-froid.

Il referma la porte. La lueur des deux lampes qui éclairaient la chambre où dormait l’enfant lui montra le chemin.