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Page:Féval - La Rue de Jérusalem, 1868.djvu/420

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bouillir, quoi ! Si Monseigneur est pressé, j’irai avec lui au château avant l’église et avant la mairie. Coupe ta langue, Fanfan, et ne dis pas que c’est péché. Tu n’entends goutte aux affaires. Les princesses, ça n’a pas de loi… quoiqu’elles ne peuvent pas boire une bouteille de plus que leur soif, et c’est bête. En avant ceux qu’ont des sous à demander. J’en ai vendu déjà des lopins de bonne terre, mais quand n’y en a plus y en a encore. Et, jarnigodichon, nom d’une pipe à la broche ! mes domestiques que vous êtes, j’ai assez quêtaillé par les routes avant d’être la chacune d’un monarque ! Je ne veux plus rien devoir à personne… Arrivez ! À qui le tour ?

La comtesse de Clare, Annibal et Piquepuce s’approchèrent d’elle à la fois. Chacun d’eux avait un papier à la main. Mathurine prit ces papiers l’un après l’autre et y chercha deux choses : la somme totale et le cachet de son royal fiancé. Bien qu’elle ne sût point lire l’écriture, elle ne se trompait jamais aux chiffres.

La note de la comtesse était pour la conspiration, celle du cavalier Gioja pour les affaires personnelles du fils de saint Louis, celle de Piquepuce pour le château et les dépenses des « gens de Paris. »

— C’est cher, dit la Goret gaiement, nous allons bien ! mais après moi la fin du monde ! nous n’avons que nous à penser !

Elle prit sous son traversin une grosse clef rouillée et ouvrit la huche qui servait de montoir à son lit.

C’était un coffre épais et doublé de fer à l’intérieur.

Il contenait de hautes piles de pièces de cinq francs en argent, et même des écus de six livres. L’or était dans un coin ; il y avait aussi plusieurs fortes liasses de billets de banque.

Ce fut aux billets de banque que la Goret