blicaine (ce fut le nom qu’on lui appliqua) et le général est au Mont-Saint-Michel.
» Quand je voulus, après ma guérison qui ne se fit pas attendre, rendre ma carte à M. V…, je ne la trouvai plus. On m’offrit de l’argent que je refusai. J’ai nourri ma mère jusqu’à son dernier jour en copiant des expéditions dans les bureaux. Et pourtant, je suis resté jusqu’à présent le commensal de quelques pauvres gens, employés dans la police active. La femme qui tient notre table d’hôte avait été bonne pour ma mère.
» Ai-je tout dit ? Tu devines bien que non. Ma plume est là qui hésite avec une joie douloureuse. J’aurais aimé te parler d’elle et te dire que je la vis un soir, — un soir de dimanche où mon désespoir m’avait poussé jusqu’au pied d’un autel.
» C’était le lendemain de la mort de notre mère.
» Si tu savais comme elle est belle et comme un seul regard de ses grands yeux noirs éveilla mon cœur !
» Ah ! ce furent de délicieux, de terribles rêves. J’ai bien souffert dans cette chambre, d’où je vois ses croisées : souffert jusqu’à vouloir mourir !
» Elle aime quelqu’un. T’ai-je dit qu’elle est la fille aînée du général de Champmas ? T’ai-je dit ?… Ah ! le rêve a pris fin ; je suis éveillé…
» Folie ! pauvre folie !… »
Ici Paul Labre s’arrêta. La plume s’échappa de ses doigts. Il appuya ses deux mains contre son cœur, et deux larmes roulèrent sur sa joue.
— Folie ! répéta-t-il d’une voix brisée.